Quand le plus dur d’une randonnée dans le SIA, c’est la réservation à la Sépaq Québec

Lettre vagabonde – 22 juin 2005


Salut Urgel,

La Société des établissements de plein air du Québec me semble être le système de réservations le plus inefficace que je connaisse. Mon insatisfaction est alimentée depuis plusieurs années déjà. Les démarches entreprises en mai et juin 2005 relèvent de l’invraisemblable. Je veux réserver des refuges le long du Sentier international des Appalaches.

Dès la mi-mai, je m’empresse de faire des réservations auprès de la Sépaq. Il faut passer par le centre des réservations à Québec. C’est un système composé de répondeurs, de boîtes vocales, de messages publicitaires enregistrés à profusion. Des attentes de vingt minutes au bout du fil, ça m’est arrivé là. Avec un peu de chance, on attrape une voix munie d’authentiques cordes vocales. La plupart du temps, il faut laisser un message. Le délai de rappel peut être de quelques heures, à des jours… à l’infini.

Le 17 mai, un préposé me répond qu’un conflit au sein du conseil du SIA ralentit le processus. Il me raconte les problèmes de deux employés. Il me conseille d’appeler ailleurs et je note plusieurs numéros qu’il me donne. Aucun ne donne des résultats. Les messages enregistrés m’enjoignent d’appeler Sépaq Québec. Donc au cours du mois de mai, à intervalles réguliers, je téléphone à Québec, au Parc de la Gaspésie, à Sainte-Anne-des-Monts, à Matane. Personne ne sait rien de certain. Enfin, début juin, la Sépaq me répond que dès le 3 juin, on pourra prendre mes réservations. Le 3 juin, une préposée m’annonce le remaniement du système informatique qui ne sera terminé que le 6 juin. Donc, le 6 juin, me voici au bout du fil à entendre pour la énième fois des propositions de forfaits. Une voix enthousiaste surgit. C’est sa première journée de travail et je suis sa toute première cliente. Elle demande d’être patiente avec elle. Je la rassure. La patience avec les Sépaquiens ça me connaît. J’apprends que les dates choisies pour le mois d’août, ça ne marche pas. Les refuges affichent complets. Un mystère pour moi. Sans prendre le temps de consulter mes compagnes de marche, je propose d’autres dates. Ça y est. La confirmation de mes réservations suivra par la Poste.

Le 14 juin, n’ayant toujours rien reçu, je rappelle. Écoute bien ceci Urgel. Une préposée me dit : « Écoutez Madame, vous savez avant d’envoyer une lettre, il faut la taper, la mettre dans une enveloppe, coller l’enveloppe, l’acheminer par notre courrier interne et ensuite utiliser les services de Postes Canada. Ça prend au moins deux semaines ça Madame à se rendre. » Il faut le faire.

À coup de « Écoutez Madame, la personne qui a votre dossier est absente, veuillez rappeler, on ne peut pas vous renseigner là-dessus » et tous les enregistrements, j’ai eu l’esprit pollué, l’énergie grugée, la patience usée et mon voyage. Ça prendra sûrement mes quarante-cinq kilomètres de marche pour me désintoxiquer et me libérer du stress.

L’inventeur de la randonnée moderne, Rodolphe Joeptter a eu de la chance. Il a vécu, marché sur des milliers de kilomètres de sentiers sans l’obligation d’avoir recours à la Sépaq. De même pour Alexandra David-Néel. Je fais mienne la réflexion du célèbre marcheur Jean Malaurie « Si je me lève et je marche, c’est souvent pour m’éloigner d’une pensée afin de me permettre d’allonger la focale de mon regard et de voir sous quel angle l’idée neuve peut être approfondie. » Et je rebaptise la Sépaq la Sépa.

Alvina

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