Lettre vagabonde – 22 février 2006
Bonjour Urgel,
Pourquoi les gens voyagent-ils ? Depuis la nuit des temps la terre s’est peuplée de voyageurs et d’aventuriers. Aujourd’hui les voyages sont facilement accessibles et les raisons de voyager multiples. La plupart des gens voyagent pour leur travail ou pour le plaisir. Je fais partie de la deuxième catégorie.
Dès que l’on pense à un voyage, déjà l’esprit se met en branle et prend de l’avance en renflouant de fiction la réalité. Le corps suivra plus tard. C’est ainsi que se vit mon prochain voyage rêvé depuis des mois déjà. Maintenant la destination est choisie, les réservations faites, il reste l’autre part autant essentiel des préparatifs : les bagages. Je crois qu’au fond d’une valise, d’une malle ou d’un sac à dos se définit le but et le genre de voyage que s’apprête à entreprendre tout voyageur. La destination importe moins que le contenu des bagages dans la planification d’un périple.
La destination choisie donne le pouls au contenu du bagage certes mais chaque pièce déposée à l’intérieur nous définit en relation avec la nature du voyage et notre façon de voyager. Elle définit même notre manière d’être et de penser. Je suis reconnue pour voyager léger. Même en suivant tous les conseils de mes amis, je n’arriverai jamais à remplir deux valises. Je me dis que si on revient de voyage sans avoir utilisé le contenu de notre bagage, il reste en quelque sorte inachevé. Faire ses bagages, c’est tracer l’itinéraire des lieux à visiter, choisir ses activités et même son hébergement. Nous prenons à peine quelques jours à planifier notre destination et consacrons des semaines à choisir le contenu de nos valises.
Voilà des semaines que je remplis et vide mentalement mon sac à dos. Depuis quelques jours, je dépose un livre, retire un vêtement ou rajoute un accessoire. C’est à l’intérieur de mon bagage que se précise le voyage à entreprendre. Il serait fort intéressant de pouvoir plonger le regard dans chaque valise qui côtoie la nôtre dans une soute d’avion. Il y aurait des chapitres à écrire sur chaque propriétaire. Quelqu’un doit déjà avoir inventé la maxime « dis-moi ce que tu apportes dans ta valise et je te dirai qui tu es. »
Veux-tu un aperçu de ce que contiendra mon sac à dos ? J’y ai déposé mes bottes et mes bâtons de marche, un dictionnaire, un cahier, des carnets de notes et bien sûr des vêtements. Sans plus amples explications tu devinerais le genre de périple que je me propose de faire.
Je m’installerai à Lodève, une ville de l’Hérault d’environ 7 000 habitants. À proximité, plus de 160 km de sentiers sillonnent le Massif central, le plateau des Garrigues et les gorges de l’Hérault. Quelques amis résident dans la région. La maison est au centre-ville à cinq minutes de la bibliothèque. Ça te donne un aperçu de mes attentes, mes activités et une partie de mon itinéraire n’est-ce pas ?
Rassure-toi, mon carnet d’adresses est à bord. Je partage un point commun avec Nicolas Bouvier : « Un séjour perdu et sans commodités, on le supporte, sans sécurité ni médecins, à la rigueur, mais un pays sans postiers, je n’aurais pas tenu longtemps. »
Lorsque je voyage, une foule de personnages m’escorte tout en laissant une place à une autre dimension de moi. Voyager au fond, c’est risquer de se prendre pour quelqu’un d’autre pour mieux se retrouver en bout de ligne. J’adore mêler réalité et fiction. Il se peut bien que m’accompagnent lors de ce périple George Sand, Nicolas Bouvier, Simone de Beauvoir et qui sait même Tartarin de Tarascon pour le petit côté fou de l’aventure.
Si j’entreprends un autre séjour en France, c’est que ce pays ne cesse de m’attirer et de combler quelque vide réel ou imaginaire. Alain de Botton résume ainsi cette impression : « Nous pouvons priser les éléments étrangers non seulement parce qu’ils sont nouveaux mais aussi parce qu’ils semblent mieux s’accorder avec ce que nous sommes, aimons et désirons que tout ce que notre pays pourrait nous offrir.
Tu auras de mes nouvelles. Mon humble plume tentera d’aborder des semblants de récits de voyage. Tes commentaires seront les bienvenus.
En toute amitié,
Alvina