Une valeur certaine, les autres

Lettre vagabonde – 3 janvier 2007

Chère Brigitte,

La fin d’une année et le début d’une nouvelle amènent leur charge de réflexions. Les bilans ne manquent pas. On prend le pouls de nos accomplissements comme de nos états d’âme. On mesure les réussites, on soupèse les faiblesses. Je me promets de faire mieux ou autrement et de m’aligner sur de nouvelles pistes. Ce sont les rencontres et les découvertes qui prennent le devant de la scène. Elles composent mes souvenirs, les meilleurs comme les pires.

À bien y penser, la famille et les amis finissent par occuper une grande place dans les trois cent soixante-cinq jours de l’année. Le travail et les activités suivent de près ou galopent devant. À chaque année se rajoutent des obligations. Maintenant tout se fait à tout âge. Le temps se porte comme une montre, l’horaire comme la respiration. Nous tentons de nous retrouver mais surtout de ne pas se perdre de vue à travers les obligations quotidiennes.

Sais-tu quoi Brigitte? Je crois que ce qui nous permet de vivre durant l’année au lieu de survivre, ce sont les liens qui nous unissent aux autres. Des liens qui se doivent d’être entretenus par des activités en commun. Il est dommage que les membres d’une famille et les amis fassent de moins en moins de choses ensemble faute de disponibilité ou à cause des distances qui les séparent. Heureusement qu’il y a les courriels et la correspondance par voie postale pour assurer la liaison.  Et bien sûr, les événements rassembleurs.

Quelques jours passés, je suis tombée sur une déclaration de Margaret Wong, dans une revue intitulée, je crois, Nouveaux Horizons. Ses propos m’ont touchée et je m’en suis voulu d’avoir eu les mêmes réflexions qu’elle sans être passé à l’action. Elle écrivait « Tous les ans en décembre, j’écris à mes amis et ma famille partout au Canada, les remerciant d’une chose qu’ils ont fait pour enrichir ma vie au cours de l’année qui s’achève. » J’avais préparé ma liste, j’ai écrit quelques lettres mais il me reste tant de noms à cocher.

Il est grand l’apport des autres dans nos vies. Chacun de nos proches, à leur façon, dresse le décor de notre scène de vie, ajoute au scénario et permet à notre voix de porter plus loin. Grâce aux amis et à la famille, il nous est donné de vivre et de grandir. À coup d’affinité, de sympathie, d’attachement, j’avance sur les jours et l’année se greffe à moi tel un acquis.

Grâce à des personnes comme toi, j’ai eu la chance de partager ma passion pour la lecture et l’écriture. À d’autres, je dois la réalisation de projets. Les randonneurs de Lodève m’ont permis de parcourir en toute sécurité et en bonne compagnie des sentiers pédestres de la France. Une amie m’accompagna sur le dernier tronçon de la grande traversée du SIA dans le Parc national de la Gaspésie. Que de voyages rendus possibles à cause d’amis. Des randonnées, des rencontres, du travail, des projets et même des rêves se réalisent à l’aide d’une main tendue, d’une complicité, d’une amitié.

Il n’y a pas que les bonheurs qui se portent à plusieurs, les malheurs se supportent ainsi. Des événements choquent, des tragédies me révoltent. Un des événements, digne de la barbarie de l’époque médiévale est la pendaison de Saddam Hussein « live. » Lorsque j’ai aperçu ces images à l’écran, j’ai revu l’horreur des bûchers, des pendaisons et des guillotines sur la place publique. Mieux vaut s’entourer de gens humains quand le genre humain détraque à ce point. Il faut se sentir entouré pour supporter une telle monstruosité.

Si l’on réussit à aller au bout d’une année, c’est grâce à la complicité et à la solidarité entre les êtres. Ils sont rares les bouts de chemin qu’on arrive à parcourir seul. À ne pas oublier surtout les indispensables et discrets telle la maîtresse de poste, la factrice, l’éboueur, l’infirmière, le ramoneur. Ce serait la panique sans les services de ces personnes.

Vraiment, la valeur la plus certaine sur la planète se retrouve chez les autres. Antoine de Saint-Exupéry écrivait dans Terre des hommes : « Il n’est qu’un luxe véritable et c’est celui des relations humaines. »

Bonne année 2007 mon indispensable Brigitte

Amitiés,

Alvina

 

 

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