Dominique Demers, Mademoiselle Charlotte et son spling

Lettre vagabonde – 23 février 2005

 Salut Urgel,

Le tout dernier roman de la série Mademoiselle Charlotte de Dominique Demers est enfin en librairie et bien sûr, déjà dans ma bibliothèque. Ce roman pour les 8 – 11 ans se lit entre 7 et 77 ans en un trait et, plus vieux en moins de deux traits.

Dominique Demers possède toutes les qualités d’une bonne écrivaine pour les tout-petits, la jeunesse, l’âge mûr, les temps durs, les plus âgés et les moments à mettre du bonheur dedans. Mieux vaut voler du temps, cambrioler au moins 63 minutes 63 secondes si on n’en possède pas pour lire d’urgence « L’Étonnante Concierge » de Dominique Demers chez Québec Amérique. Je l’ai lu à haute voix à deux de mes amies de plus de sept fois sept ans qui en redemandaient chaque fois que je m’accordais une pause.

Dominique Demers poursuit les aventures de Mademoiselle Charlotte avec le cinquième de la série. C’est à la fois un roman, un conte, une satire sociale à zieuter en plein dans les lignes, une leçon de vie et survie entre la folie des grandeurs qui anéantit les petites folies essentielles à notre bonheur. Mademoiselle Charlotte révèle à trois jeunes le secret de son « truc pour survivre à tout. » L’auteure mine de rien, des culbutes du corps aux pirouettes des mots, nous invite à défendre notre spling. De nos jours plus que jamais, nous devons absolument petits et grands défendre notre spling. À vrai dire, nous ne devrions jamais au grand jamais passer une journée sans défendre notre spling. J’espère que tu saisis l’importance de cette révélation Urgel.

L’auteure raconte les aventures de la concierge Mademoiselle Charlotte au Mégacentre des arts qui a coûté à la population treize trilliards de dollars. La présidente-directrice générale n’est nulle autre que Lola Lalancette. Même Pauline Pressée, journaliste-vedette à « Ça presse » dénonce le Mégacentre. Le ministre de la culture, l’honorable Jean Narachefor est présent à l’inauguration au moment où survient une catastrophe à en mourir de rire. Ces contrepèteries ne recèleraient-elles pas une connotation à tendance politique Urgel?

L’écrivain hongrois Stephen Vizenezey parle de deux genres de littérature de base : « L’une aide à comprendre, l’autre à oublier. » « L’Étonnante Concierge » par une alchimie du style fusionne les deux genres. Le spling aide à comprendre puis à oublier. Et comme l’explique Mademoiselle Charlotte aux trois enfants, Justin-Jacob, Edouardo et Alexia : « Le spling, c’est tout ce qui nous anime. Tout ce qui nous enchante, nous élève, nous ensoleille… Tout ce qui fait qu’on se sent… merveilleusement vivant. Tout ce qui donne l’impression d’avoir des ailes. »

Il me reste de ce roman, dans les oreilles, de grands éclats de rire, dans la tête une compréhension de l’état des choses et au cœur une envie et le courage de défendre mon spling envers et contre tous. Et vive l’imaginaire de Dominique Demers, l’écrivaine pour tous les âges. Après la lecture de  L’Étonnante Concierge,  me voici encore plus convaincue de cette vérité que proclame Rosa Montero dans « La Folle du logis : « L’imagination peut non seulement vaincre la mort (ou tout au moins obtenir un sursis), mais elle peut aussi nous guérir, nous sauver, nous rendre meilleurs et plus heureux. »

Dominique Demers dédicace ce livre à son Timothée à elle. Il y en avait un dans son roman « Une bien curieuse factrice ». Et si chacun arrivait à découvrir son Timothée tout en défendant son spling? Si tu veux tout remettre cette histoire au clair, il te faudra lire au moins « Une bien curieuse factrice » et « L’Étonnante Concierge ». Je voudrais Urgel, partager avec toi mes « amours intimes de lectures » toi mon « lecteur complice » pour employer les mots d’Alberto Manguel.

une lectrice étonnée

Alvina

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