Lettre vagabonde – 9 septembre 2021
À la librairie Liber, les poètes sont aux premières loges. Ils s’empressent de nous accueillir. C’est là que Stefan Psenak, un inconnu pour moi, est venu à ma rencontre. Longtemps j’ai porté mon deuil comme des habits trop grands raconte tantôt par fragments, tantôt en vers les ruptures successives provoquées par la mort d’êtres chers. Les disparus manifestent leur présence à leur manière d’avoir existé. L’auteur explore les ramifications du deuil dans les sphères du quotidien. « Il y a quelque chose de toi sur tout ce qui m’entoure. » Stefan Psenak évoque les souvenirs préservés au coffret du cœur. Il donne à voir ses plaies que les mots du poème pansent et parfois guérissent. Il tente de se délester du poids du deuil pour retrouver les disparus sur la voie du détachement. « Je porte sur mon dos / enchâssés l’un dans l’autre / la déchirure et son faste. » Il tente de retenir ce qui survie de chaque disparition.
« je t’écris aujourd’hui sous ton érable
tout à l’heure
je recollerai la sève
j’ouvrirai un pot de confiture
pour me rassurer
et pour entendre le jardin te survivre. »
Le poète avance, s’éloigne « juste assez / pour déjouer la noirceur / pour reprendre la marche / dans la saison des abdications. » Il réussira à émerger du brouillard et porter la parole du côté des vivants, exprimée en ces vers : « il m’aura fallu quatre ans « pour me construire un temple / en pierre de flegme. » L’apaisent une fugue de Bach, un film de Fellini ou son propre sauvetage d’une noyade sur la rivière Restigouche. Ses poèmes, étoffés comme des récits, clairs comme un faisceau de lumière, transportent et émeuvent.
Longtemps j’ai porté mes deuils comme des habits trop grands est la traversée du temps nécessaire pour s’affranchir de la douleur de la perte. Stefan Psenak s’engage dans une poésie qui m’interpelle par sa capacité à laisser survenir l’émotion et me réconcilier avec mes propres morts.
Le mystère Stefan Psenak s’est éclairci en lisant son avant-propos de Longtemps j’ai porté mes deuils comme des habits trop grands , ce Gatinois joliettain avoue ceci: « J’ai écrit ces quelques mots à la terrasse d’un café, sur la terre de mes ancêtres, à un jet de pierre du Danube. »
Quel article à la fois succinct et invitant!
Encore une fois, chère Alvina qui me manque,tu me donnes envie de me procurer cette oeuvre…
Pourrais-tu me laisser savoir le nom de la maison d’édition.
Au grand plaisir de te revoir avant longtemps.
Amitiés sincères
Quelle chance tu as Alvina à fréquenter une librairie dont les propriétaires savent toucher leur clientèle qu’ils et qu’elles connaissent bien en leur offrant ce qui nourrit l’être, quelle audace tu as aussi de t’approprier de la lecture d’auteurs vivants peu connus et dont l’édition m’apparaît plutôt réduite à quelques livres apparemment! Psenak, est-ce russe, polonais, serbe, mais non, c’est un gars de Joliette vivant à Gatineau avec ce que j’en apprends de toi possédant une âme poétique mirobolante. Tu sais trouver les mots qui transforment ton message en bonnes vibrations. Texte court mais combien incitatif. Bravo!