Des gens que j’admire : les forgeurs de projets personnels

Lettre vagabonde – 18 avril 2007

Cher Louis,

Parmi les êtres que j’admire, se trouvent ceux qui ont des projets et s’investissent tout entier dans leur réalisation. Ce sont les enthousiastes, les audacieux, les impulsifs, les dégourdis. Ils sont débrouillards, entreprenants, infatigables et obstinés. Ils s’inventent des projets qui frisent la démesure. Ces êtres vivent intensément leur vie, leurs projets personnels et m’inspirent.

Une jeune femme audacieuse passionnée vient justement de m’inviter à son bord pour me faire faire le tour du monde en voilier. Moi qui n’étais montée qu’une fois sur ce genre d’embarcation! J’avais trouvé monotone de voyager au large de Caraquet à regarder se dérouler les vagues, se tendre les voiles sous 360º d’horizon impeccablement bleu. Une journée où, il me semble, il ne s’était rien passé de particulier ni d’intéressant.

C’était avant de rencontrer Ellen MacArthur dans ses rêves fous, ses projets de navigation plus dangereux les uns que les autres. Un libraire du Vieux Québec qui connaît mon intérêt pour les récits de voyages m’a offert Du vent dans les rêves d’Ellen MacArthur. Inutile de te dire que je viens de passer des heures houleuses; j’ai attrapé la fièvre de lecture. Abandonner le livre venait presque à abandonner le bateau. Quelle passionnée que cette Ellen MacArthur! Encore adolescente, elle entreprit en solitaire le tour de l’Angleterre sur un petit voilier, l’Iduna. Elle eut à affronter seule les éléments. Avec détermination et courage, elle a réussi à appareiller plusieurs voiliers qui lui ont permis d’entreprendre ses projets plus audacieux les uns que les autres. La traversée Québec-Saint-Malo en 1996, la route du Rhum en 1998 et 2002 et d’autres courses sur l’océan l’ont menée à la compétition maritime la plus longue et la plus risquée qui soit. En 2001, Ellen MacArthur est arrivée deuxième dans la fameuse course autour du monde en voilier : le Vendée Globe. Seule sur son voilier Kingfisher, elle a survécu à quatre-vingt-quatorze jours en mer. Endurante, habile et obstinée, Ellen MacArthur a réalisé à vingt-quatre ans un projet grandiose.

Ellen MacArthur avait de qui tenir. Sa grand-mère a obtenu un diplôme universitaire à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Un rêve de jeunesse rapporté. Non seulement talentueuse en navigation, Ellen l’est aussi en écriture. Un récit captivant que Du vent dans les rêves. Formuler des projets, rêver plus grand que d’habitude, vivre plus intensément, voilà le message que lance la célèbre navigatrice. « J’ai compris que le meilleur moyen d’assassiner nos rêves, c’est de les remettre au lendemain », écrit Ellen MacArthur. Avec elle, je prends conscience de la valeur de chaque minute, de l’importance de chaque geste.

Ellen MacArthur est de la trempe des grands écrivains voyageurs tels Ella Maillart, Nicolas Bouvier, Isabelle Eberhardt.

J’ai une grande admiration pour les personnes entreprenantes qui osent aller au bout de leurs rêves. Ce sont de puissants stimulants. Possédées par une inépuisable passion, ces personnes vivent intensément et affrontent la mort comme elles affrontent la vie : avec espoir et détermination. Ne va pas croire que j’éprouve de l’admiration uniquement pour les intrépides et les téméraires aux gestes héroïques. J’admire les êtres déterminés, enthousiastes qui agissent au lieu de subir. J’admire ceux qui prennent des risques, qui rebondissent devant les situations difficiles. Mon admiration se tourne vers les passionnés de la vie, enflammés par des rêves et des projets où ils se jettent sans peur. « C’est par peur que nous ne faisons pas ce que nous voulons, et que nous nous résignons à faire ce que nous ne voulons pas » déclare le philosophe Pierre Bertrand.

Un ami, Roméo Losier, racontait à 95 ans « Avant de m’endormir, je pense au projet du lendemain; autrement, ça ne vaudra pas la peine de se lever. » Il ne remettait pas ses projets, il les poursuivait. Je constate que les personnes qui entretiennent des projets, s’accrochent solidement à la vie. Un projet de voyage, de créativité ou de travail peut mener loin. Quelle que soit l’ampleur d’un projet, ça vaut la peine de s’y consacrer.

Du vent dans les rêves a eu une forte influence sur moi, sur les autres lecteurs aussi, j’en suis convaincue. Lire Ellen MacArthur, ça motive à entreprendre un grand projet, celui qu’on remettait toujours au lendemain. Comme elle, briser la routine, se lancer dans l’inconnu pour réaliser un vieux rêve. Et si on prenait le risque de s’aventurer au large jusqu’à perdre de vue nos moindres certitudes? Ellen MacArthur a soufflé son bon vent dans mes rêves. Je te conseille le récit d’Ellen MacArthur, histoire de remettre du vent dans tes voiles.

Amitiés,

Alvina

 

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