Festival littéraire international Northrop Frye

Lettre vagabonde – 7 mai 2003

Chère Suzanne,

Tandis que tu pérégrinais au Chili, j’occupais ta maison et le Festival littéraire international Northrop Frye occupait toutes mes heures. C’est l’événement littéraire à ne pas manquer. Il existe si peu de tribune publique pour les débats sociaux que les neurones ont tendance à sombrer dans la léthargie. La pensée s’asphyxie. L’esprit adhère aveuglément au consensus au lieu de chercher sa vérité. Le festival littéraire réanime l’esprit. C’est le réveil vernal.

Les salons du livre que je fréquente assidûment réunissent les éditeurs et les auteurs. C’est le commerce du livre. Le Festival littéraire international Northrop Frye rassemble des auteurs et d’autres penseurs de plusieurs pays. Les auteurs et leurs idées prennent la vedette. Autour de conférences, de lectures et de tables rondes s’engagent des débats sérieux. J’y trouve une tribune de profondes réflexions. Les débats ne sont pas que littéraires. Ils projettent les grands courants que les écrivains abordent dans leurs œuvres. Et quelle brochette d’écrivains !

Naïm Kattan, de renommée mondiale, est romancier, essayiste et un orateur de grand talent. En puisant dans l’œuvre de Northrop Frye, il a su nous entretenir de l’influence des textes bibliques dans les manifestations de l’art. Il a traité du rapport entre la langue et la réalité où la littérature et la science se côtoient. Kattan est convaincu que toute véritable culture est un mouvement, un mouvement vers l’autre. La rencontre des cultures permet de donner et de recevoir mais surtout de comprendre les autres peuples.

John Ralston Saul, romancier et essayiste, suscite le débat à chacune de ses interventions. Nul ne demeure indifférent devant ses affirmations comme « L’Acadien utilise la ruse comme moyen de pression social » ou « Nous sommes tous des minorités au Canada. » John Saul provoque le choc des idées, incite à la réflexion et encourage les gens à s’exprimer.

Il y eut aussi des interventions d’une panoplie d’auteurs tels Joyce Hackett, Ursula Hegi des États-Unis, Lise Bissonnette et France Daigle du Canada, Bernhard Schlink et Roberto Mann de l’Allemagne ainsi que bien d’autres écrivains de renom. L’Allemagne fut à l’honneur comme pays invité. Je te souligne aussi la présence de nombreux poètes, ces écrivains de l’ailleurs et de l’autrement. Ils nous remettent notre univers transformé sous leurs plumes. La poésie est le réel qu’il nous reste à imaginer. Les poètes savent extraire d’un mot la vie qui nous contient.

Le Festival littéraire international Northrop Frye resserre les liens de la solidarité entre les écrivains. Il crée des liens entre les auteurs et les lecteurs. Ensemble, grâce à la réflexion, à la recherche du sens et des véritables valeurs humaines, nous évoluons. Nous visons tous à être des êtres libres et autonomes. Le festival transcende les discours erronés de mondialisation de l’économie. Ça extirpe la léthargie du cerveau. Le festival littéraire stimule les idées. Il nourrit de réflexions les neurones. Il permet de nouveaux mouvements culturels. Il ouvre des horizons. À travers des grands penseurs comme Naïm Kattan, il permet à quelque savoir d’atteindre le degré de la connaissance.

À chaque printemps, je reviens de Moncton bouillonnante d’idées revitalisantes. J’ai à semer ces nouvelles pensées dans mon terreau intellectuel fraîchement sarclé et fertilisé. Devant mon enthousiasme et ma grande satisfaction mes amis se promettent d’être au prochain rendez-vous printanier du Festival littéraire Northrop Frye à Moncton.

Merci Suzanne. Grâce à toi, j’ai découvert l’événement littéraire Northrop Frye. Quand tu reviendras de toutes tes pérégrinations, nous échangerons lors d’un de nos précieux tête à tête. Bonne découverte au Chili.

Amitiés,

Alvina

1 commentaire

  1. Chère Alvina
    Belle lettre que tu envoies à cette chère Suzanne qui depuis s’est rapprochée de ton domicile de plusieurs lieues. Cette lettre nous apprend ta passion pour les salons du livres que tu fréquentes assidûment pour rencontrer auteurs, romanciers, nouvellistes, poètes. J’ignorais tout du festival Northrop Frye, ce critique littéraire né à Sherbrooke occupe une place de choix dans le paysage monctonien. On le retrouve en bronze assis sur un banc, grandeur nature devant l’entrée principale de la Bibliothèque publique de la ville, un livre ouvert sur les genoux. De Northop Frye, je ne connaissais que le nom après l’avoir lu dans Charmante Miscou du nouvelliste Louis Haché à propos de la chasse ou la pêche au Lac Frye puis l’avoir constaté de visu bien avant la construction du pont de l’île. Un texte que je ne retrouve plus dans l’édition 2006, pourtant présent dans l’original de 1974. Qu’à cela ne tienne, tu nous incites Alvina à explorer davantage ces rencontres littéraires où l’on y trouve beaucoup plus que les livres.

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