Une nouvelle revue acadienne de création littéraire «Ancrages»

Lettre vagabonde – 11 mai 2005

Bonjour Urgel,

L’Acadie vient de se doter d’une toute nouvelle revue de création littéraire. J’ai trouvé le premier numéro, Printemps 2005 à Moncton. Il n’y a pas meilleur moyen de donner une visibilité aux écrivains que de publier leurs œuvres ou des extraits de leurs œuvres dans une revue. Les lecteurs y font souvent la découverte de nouveaux auteurs et des œuvres nouvelles des auteurs connus. « Ancrages » possède les qualités de son homologue québécois « les écrits ». Le caractère d’imprimerie est agréable à lire et le papier de qualité. Le format se transporte bien dans un sac à main ou un sac à dos. Voici une revue qui peut transformer une file d’attente en un moment privilégié de lecture.

Quant au contenu d’Ancrages, il touche à tous les genres littéraires : poésie, nouvelles récits et extraits de romans et essais. On fait de la place aux auteurs francophones sans distinction de leur pays d’origine. Dans ce premier numéro, outre l’Acadie et le Québec, on retrouve également des auteurs de la Louisiane, du Congo, du Zaïre, de l’Ontario et de la France. Parmi une douzaine d’auteurs que je connais, j’ai apprécié de Serge Patrice Thibodeau « Mon chagrin s’est noyé dans la corde » Il sait tendre les cordes de l’émotion et laisser se jouer la musique des mots. En passant Urgel, je suis heureuse de voir Serge Patrice Thibodeau comme directeur littéraire des éditions Perce-Neige en Acadie. De Camilien Roy, j’ai apprécié le ton et pris l’avant-goût de son prochain roman « La fille du photographe ». Les haïkus de Gracia Couturier sont fin ciselés comme : « au cœur de New York / dans le tissu du drapeau / la poussière des morts. » Un autre haïku savoureux : « des lettres d’amour / entourées d’un ruban rouge / et de quelques regrets ». « Le chant des marées d’Edith Bourget révèle une poète avec des yeux étoilés.

Parmi des auteurs à découvrir, j’ai apprécié le style compact, concis aux touches d’un condensé de vie aux émotions palpables d’Alain Raimbault. Que dire de la nouvelliste Madlen Hamel sinon que je me procurerais volontiers un recueil de nouvelles de cette auteure à la plume sensitive et délicate. Elle sait créer de l’ambiance et insuffler de la vie dedans. La poète Nicole Dumont, de nature et de naturel, offre un coulis de belles métaphores. Je voudrais te raconter aussi le rythme trépidant, vibrant issu de source profonde qu’est le poème « Ecrire pour quoi faire? » du poète congolais Badibanga Kabawu.

Tant qu’à y être, il aurait fallu t’offrir un abonnement à la revue Urgel. Malheureusement, « Ancrages » ne contient aucun bulletin d’abonnement. Est-elle trop timide dans sa publicité? C’est la seule petite faiblesse que je lui ai trouvée. Je n’ai que mes sincères félicitations à transmettre à la directrice de la revue, la poète Rose Després. Surtout, je souhaite longue vie à « Ancrages ».

Pour terminer, je t’offre Urgel un poème de Martine Jacquot. Quiconque fréquente les événements littéraires connaît Martine Jacquot, la mère porteuse de mots et de ses deux enfants qui l’accompagnent partout.

« je te lègue mon cri / mes larmes et / mes mots / qui prennent chair / au creux de mes bras vides / je crée ton espace / à l’image / d’un irrémédiable néant. »

une ancrée à la littérature

Alvina

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